7ème récit de voyage

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Ce voyage aurait été très tranquille si je n’y avais pas associé un défi, celui d’emporter 130 ébauches dans mon sac à main.
 
Il s’agissait d’ébauches textiles, réalisées par une centaine d’Européennes de 9 pays qui avaient entamé un travail sur le thème de la cuisine et de ses ustensiles. Il était prévu que les Afghanes poursuivraient le travail créatif commencé à raison d’une surface équivalente à 2 carrés classiques.
La présentation du projet aux villages : Je présentais le but de ce travail : j’en appelais à leur fierté d’avoir l’opportunité de la collaboration avec une Européenne. Je présentais à chacune l’ébauche de l’Européenne que j’avais retenue pour elle. Avec l’aide de l’interprète Lailuma, nous discutions ce projet ; à partir de cette ébauche, comment la continuer ?
3 jours plus tard nous nous retrouvions. Chaque brodeuse me présenta l’avancement de sa broderie. Je remarquai alors que dans de nombreux cas les brodeuses ne tenaient pas compte des motifs proposés par l’Européenne. Elles brodaient bien des objets relatifs au thème de la cuisine mais non conformes aux propositions exposées les 3 jours précédents ; Je réitérai l’explication pour tenter de transmettre cette idée de prolongation de l’ébauche commencée.
Je me rendis compte aussi d’une autre difficulté : savoir estimer une surface correspondante à 2 carrés habituels 2×70 = 140cm² qu’elles connaissent très bien, mais comment estimer la surface de nombreuses petites zones dispersées, aux formes inhabituelles ? Finalement, certaines brodèrent beaucoup plus et d’autres beaucoup moins ! Je commençais à douter de l’issue finale de ce projet et qui pourtant devait permettre une exposition déjà prévue en début d’année 2014.
Trois jours plus tard je ramassais les pièces telles qu’elles avaient été interprétées. Je les ai remerciées et je me suis aussi excusée de les avoir soumises à une telle pression.
Conclusion : Toutes les brodeuses n’ont pas prolongé de leur travail de broderie, selon notre attente d’Européens, l’ébauche étrangère. Certaines ont confondu haut et bas et nombreuses sont celles qui ont brodé trop vite, ce qui nuit à la qualité habituelle.
L’Aïd se fête bien pendant 4 jours officiels… mais ils se prolongent aussi, surtout lorsque cette fête se situe juste avant l’hiver ; on se rend généreusement visite, car ces visites seront pratiquement impossibles à la mauvaise saison. Imaginez-vous, vous, les Européennes, je débarque chez vous entre Noël et le 1er de l’An, j’annonce « vous avez 6 jours pour broder passionnément » ! Quelle disparité : je compris alors que les Européennes avaient pu profiter d’un volume de temps qui dans le contexte afghan représentait un luxe enviable.
Rétrospectivement, maintenant,
– toutes mes félicitations : une seule brodeuse sur 130 ne réussit pas à rendre son ébauche brodée, ce que je considère remarquable. Ce résultat montre le sérieux avec lequel elles ont pris à cœur, ce projet unique,
– avec ces ébauches brodées nous avions franchi l’étape de ce projet qui m’avait beaucoup fait doutée. Je rentrais de Kaboul convaincue que notre collectif avait produit un ensemble cohérent bien que les différences de cultures soient éclatantes.
Pour la troisième fois, je n’étais pas seule. Après Sarah en 2011 et Sabine en 2012, cette année c’est Margreth qui arriva juste après les fêtes de l’Aïd. Elle aussi avait sa « mission », qu’elle su très bien gérer. Découvrez dans ses lignes qui suivent de quel ordre fut sa participation.Pascale, janvier 2014.
 
Récit de Margreth : En Octobre 2013 je réalisais mon vœu d’accompagner Pascale en Afghanistan ! J’y ai vécu des journées passionnantes ! Pascale m’avait proposé d’apprendre aux femmes à tricoter pour qu’elles se protègent du froid de l’hiver. Tandis que Pascale présentait le projet « Coin cuisine », j’invitais les femmes à se retrouver, lors des rencontres suivantes pour leur apprendre à tricoter ou à parfaire leurs connaissances.
« Endroit/envers » rost-tchap, j’apprenais cela très vite : les bases de notre communication. De nombreuses mères motivèrent leurs filles pour apprendre ; au final c’est essentiellement cette génération de jeunes filles qui fut concernée. Je leur confiais aiguilles à tricoter et laine pour qu’elles s’exercent à la maison. Quelle surprise, lors de la rencontre suivante, quand elles me présentèrent les échantillons qu’elles avaient assidument tricotés, voire finis pour les mitaines ! L’idée « chauffante » de Pascale démontrait son efficacité. Je me demande, ce bel enthousiasme va-t-il perdurer ? Dans quelle mesure cette technique va-t-elle être mise à profit par la suite ; mais la graine est semée et pourrait être cultivée maintenant.
Je ressens une grande reconnaissance et attribue tous mes remerciements pour ces rencontres et cette fabuleuse expérience acquise pendant 2 semaines. Je suis rentrée en Allemagne et pense aux stocks d’aiguilles à tricoter qui me permettent de rêver : « Afghanistan en l’an 20.. ? Un rêve Inshallah »
Margreth Janvier 2014
Récits de voyage de Pascale et Margreth – Octobre 2013