5ème récit de voyage
en septembre 2011:
Du positif en Afghanistan

Ce récit est complété de quelques anecdotes de celle qui sera présentée dans quelques lignes. Vous pouvez lire le récit en entier en le déchargeant (button en haut à droite)
Une grande nouvelle : Cette fois-ci je suis accompagnée.
Je ne suis pas trop âgée mais pas toute jeune non plus et surtout consciente que les forces peuvent vous lâcher sans prévenir. La prise en charge d’un tel projet est extrêmement diversifiée et demande un investissement terrible en temps. En ce qui concerne certaines activités, je peux compter sur l’aide de nombreux amis (merci à toutes et tous), cependant si je venais à me retirer, ce projet ne pourrait pas survivre. Au printemps j’en parlais à Sarah, une jeune Allemande ; « Je dois voir comment cela se passe sur place, je voudrais tout d’abord faire la connaissance des brodeuses, j’ai du temps en septembre, est-ce que je peux t’accompagner ? » A 24 ans, on sait prendre des décisions rapidement !

L’organisation se déroule comme celle du voyage précédent en 2009. Nous prenons un vol pour Herat (le vol du retour pour le 11. septembre), nous sommes superbement accueillies par Rateb et rendons visite aux brodeuses à Sharak à plusieurs reprises.

A Laghmani
Je retrouvais avec plaisir les quatre villages Laghmani. Pour Sarah tout était nouveau.
Il y avait de nombreuses maisons soit en phase de rénovation soit en construction; je n’avais pas remarqué cela de façon si importante les années précédentes. J’interprète cela comme le signe que 10 ans après la fin de la guerre, les gens ont assez d’argent pour entreprendre les travaux et ont la certitude que la guerre est définitivement finie. Il y avait des vaches et des veaux partout, je n’en avais jamais vu autant. La plupart du temps, ils sont achetés et soignés pendant quelques mois, pour les revendre un tout petit peu plus cher juste avant l’hiver.
Contrairement aux habitudes allemandes, où l’invité apporte un cadeau, ce sont les Afghans qui offrent des cadeaux aux invités. C’est ainsi que nous avons reçu des présents, principalement les mûres séchées de l’arbre du mûrier. Dans une famille, on nous offre de chic sandales. Pascale enfile les siennes illico et se met à défiler avec des déhanchements galants, ce qui fait rire toute l’assemblée des femmes.

J’étais très touchée d’apprendre que les premières filles (dont 3 brodeuses) allaient passer leur diplôme de fin de cycle scolaire (la graduation) en novembre. Elles font partie de la première vague de filles qui ont fait toute leur scolarité depuis le départ des Taliban. Fatma, l’une d’entre elles, est décidée à faire des études pour devenir professeure. Elle fait partie des pionnières dans le village, alors que certains pères n’envoient toujours pas leurs filles à l’école.
Nous, les trois responsables du projet d’alphabétisation à Fribourg, avions pris la décision avant mon voyage de stopper les cours d’alphabétisation. Ils avaient fonctionné de façon satisfaisante pendant trois années donc au-delà de que ce prévoyait le programme de 22 mois. De nombreuses filles avaient entre-temps soit été fiancées ou mariées soit faisaient tellement de travaux ménagers qu’elles ne trouvaient plus la disponibilité et l’énergie pour se rendre au cours journalier de 2 H. Le nombre d‘élèves avait baissé terriblement, la dynamique ne fonctionnait plus. Pour arrêter „en beauté“ on décida en commun accord de monter une bibliothèque conséquente dans chacun des villages.

Cette année, ce sont les séances d’examens qui sont très différentes des autres fois. En fait, il s’agit d’un concours car je ne veux plus dépasser le nombre de 200 brodeuses. Parmi les candidates, il y a de nombreuses jeunes filles entre 16 et 20 ans et dans deux villages un trio de sœurs. Leur mère les a accompagnées, les conseille et les encourage. Les jeunes filles sont tellement sous pression qu’elles tremblent. Effectivement, cette génération de jeunes filles forme un gros potentiel de bonnes brodeuses. Mais la réalité est qu’elles seront bientôt mariées, auront des enfants et leur donneront toute leur énergie : l’expérience nous a démontré que la broderie perd alors en qualité.

Le travail avec Sarah se passa – à mon avis – sans problème, je n’ai pas regretté une seconde qu’elle m’ait accompagnée. Depuis des années j’organise le travail sur place comme je l’estime satisfaisant pour tous les acteurs. Eventuellement j’associe Khaled et Lailuma aux décisions, mais en fin de compte, c’est moi qui manœuvre le bateau. Cette fois-ci c’était clair : avec Sarah comme partenaire, nous prendrions les décisions ensemble. Sarah était très présente et active, en étant toutefois souvent en position d’observation. Elle a eu de très bonnes idées ou des solutions spontanées et ne fut jamais d’un avis contraire au mien (comme c’est pratique!). J’ai trouvé notre duo idéal : mon expérience des années précédentes et mon âge, combinés à son ouverture vis-à-vis de cette population afghane des campagnes et le regard léger de ses jeunes années.

Pour ce qui concerne le développement général, j’ai ramené des impressions très positives de ce voyage ; aussi bien dans les villages (comme raconté plus haut) que de Kaboul. A Kaboul, les rues sont de plus en plus praticables, les policiers permettent parfois d’améliorer le trafic, voire de le contrôler. J’ai été impressionnée par les allées de petits pins plantés dans les terre-pleins entre les avenues : Ils ont environ 1m50 et ils sont bien verts (bien sûr extrêmement poussiéreux). Mais cela signifie : ils sont arrosés régulièrement et personne ne les a arrachés pour en faire du petit bois. C’est un miracle !
Et justement, comme je ne crois pas aux miracles, il s’agit d’un signe concret du développement positif à Kaboul et en Afghanistan.