1er récit de voyage
Juillet 2005

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Partir ou ne pas partir?
Il me semble indispensable de confronter ma vision d’une telle entreprise avec la réalité des femmes de là-bas. Je connais bien les risques potentiels, mais je fais confiance à ceux qui me prennent en charge.
 
Faire la connaissance des femmes
J’avais envisagé donner 2 semaines de cours à des femmes (la moitié d’elles sont veuves), des jeunes filles pour leur permettre de réaliser elles-mêmes des objets, comme coussins, petits sacs qu’elles vendraient elles-mêmes sur le marché afghan. Dans mon concept, elles pourraient devenir indépendantes d’ici 3 à 5 ans.
Mais la vision sympathique d’une européenne ne correspond en rien au quotidien et à la réalité de ces femmes, bien trop occupées à penser juste au lendemain. Pour la majorité des femmes, il est impensable de se déplacer seule à l’extérieur du village et certaines ne peuvent même pas quitter leur maison. Parmi les 35 femmes rencontrées, seules 2 pouvaient se déplacer indépendamment en taxi jusqu’à la ville voisine de 15 km, où un dépôt des produits artisanaux faits par des femmes était proposé à la vente. Mais quelle déception ! Seule l’enveloppe pour le Coran a été achetée … un succès ! Mais de là à établir un réseau de vente ?
 
La broderie en elle-même
Les carrés que nous recevions jusqu’à maintenant étaient unis, à quelques exceptions près. Cette unicité conférait un manque de dynamisme à certains carrés, un aspect monotone et terne. C’est ainsi que dès le premier jour je vidai un gros sac rempli de fils à broder de toutes les couleurs et demandai aux femmes de réaliser des séries de 3 à 5 couleurs d´après leur goût personnel. Les carrés brodés avec cette nouvelle liberté présentent un très grand potentiel d´individualité dans le cadre d’une expression collective traditionnelle; de nombreuses femmes y ont trouvé leur signature personnelle, ce que je trouve extrêmement positif.
Pendant les 3 semaines j’ai eu l’occasion d’examiner à Kaboul de nombreux objets brodés (dans le cadre de visites d´autres projets qui encadrent aussi des femmes qui brodent). Leurs travaux étaient des chefs-d’œuvre de perfection réalisés par des brodeuses qui ont chacune leur motif qu’elles répètent toute leur vie. J’estime que de telles méthodes de travail, de la série « pure et dure » n’est pas à encourager. Tout au contraire, les premiers carrés « libres » des brodeuses de Laghmani et bien qu’ils ne soient techniquement pas parfaits, présentent sur cette petite surface (8 x 8 cm) une composition improvisée vitale, qui peut paraître surprenante voire insolite, mais pleine d’individualité !
 
La pause du midi
Le repas du midi était toujours attendu avec impatience par les femmes, pas question de repousser la pause d’une demi-heure, pour terminer un travail entamé ! Nous avions embauché une cuisinière qui préparait sur place un repas très rustique. Certaines priaient aussi pendant cette pause.
Réparties en tailleur autour de la toile cirée, assises par terre, ce temps de repos nous permettait des échanges plus personnels.
 
Il m’a été difficile de quitter cet environnement et ces femmes avec qui j’avais tissé des liens pendant 2 semaines, ce fut comme si je les laissais tomber, comme si en partant je coupais le fil bâti entre nos deux cultures.