De retour de l’Afghanistan
Projet de broderie « and more »
Mai 2006

Commençons par « and more », où il s’agit de s’occuper de patients atteints d’un goitre
Le problème d’hypertrophie de la glande thyroïde est fréquent en Afghanistan, pays de montagnes où l’iode n’est pas présent dans l’eau et où la nourriture n’équilibre pas ce déficit. De nombreuses brodeuses ont ce problème, je demandais à Anna Hermes, infirmière, membre de la DAI et qui avait déjà travaillé par deux fois en Afghanistan, de m’accompagner pour envisager une contribution à la résolution de ce problème.

« and some more »: séminaire d’instruction dans le domaine de la santé pour 6 professeurs
A Laghmani et à Balagel se situent 2 écoles que la DAI a construites les années précédentes et dont elle assume la responsabilité. Grâce à l’initiative d’Anna fut institué le programme d’un séminaire d’instruction pour 6 professeurs.
Le projet de broderie: les retrouvailles, faire connaissance de nouvelles brodeuses trop nombreuses et où un contrat s’avère être indispensable
A Qala-e-Kuna, Sufian Pain et Kakara, les 3 parties de Laghmani, nous – Weeda, l’interprète, et moi-même – avons eu affaire à presque 300 femmes pendant la durée de mon séjour. Je n’étais absolument pas préparée à cette affluence et la plupart du temps totalement débordée. Jusqu’alors, environ 80 femmes avaient « officiellement » brodé.
Faire un choix parmi les femmes, devoir leur dire « c’est non », est ce qui a été le plus difficile dans le travail. Les femmes se sont en partie défendues (ce qui est un bon signe), sont revenues une heure plus tard, le lendemain pour essayer de me convaincre qu’elle broderaient mieux la prochaine fois ; parfois elles pleuraient, me racontaient le nombre d’enfants à nourrir, que le mari ne gagne pas assez d’argent. Une fois, c’est un mari qui me demanda d’embaucher sa femme qui pourtant ne brodait malheureusement pas assez bien.

Cela fait partie de ma « politique personnelle » d’avoir passé un contrat avec une trentaine de jeunes filles (de 12 à 20 ans, pas encore mariées) bien que la qualité de la broderie ne soit pas encore optimale. J’espère de la sorte gagner leur motivation à s’adonner à cette activité. Les techniques de broderie sont vouées à disparaitre, cette tentative (trop naïve ?) est à considérer comme une action de sauvetage.

Il semble que les femmes apprécient grandement cette possibilité de gagner de l’argent (300 femmes auraient voulu passer un contrat avec moi). Il s’agit d’une expérience nouvelle pour elles qui n’ont jamais pu avoir un travail rémunéré jusqu’alors.

Le séjour à Qala-e-Kuna, Sufian und Kakara fut assez stressant mais il m’a confirmé que ce travail entrepris a un sens pour moi. J’estime que le projet est sur le bon chemin, ce qui signifie qu’à priori, il n’y a pas de problèmes majeurs et que l’on peut se permettre d’espérer qu’il continuera à se développer positivement ces prochaines années. Il reste à voir comment s’effectuera le nouveau système de collecte et de paiement des carrés.

J’ai quitté le sol de l’Afghanistan à l’aéroport petit et crasseux de Kaboul, les derniers regards accrochés aux paysages terreux et secs entaillés de quelques vallées sinueuses et vertes. Puis le « No man’s land », le « white out » de l’épaisse couche de nuages. Quelques heures plus tard, le ciel se déchirait sur des forêts vertes et un paysage de champs multiples et minutieusement travaillés. L’avion atterrit à Francfort, aéroport gigantesque, propre et froid de marbre.
Si les hommes et les femmes n’avaient pas été les mêmes, en Europe comme en Afghanistan, j’aurais été convaincue d’avoir changé de planète ou au moins d’époque.
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