Margreth Rößler-Wacker »Des fleurs jaunes sur ton chemin«
Sebajan

« Des fleurs jaunes sur ton chemin » ; c´est avec ce proverbe afghan en paschto et la photo correspondante (des fleurs jaunes plantées au milieu de galets) que se terminait une conférence particulièrement émouvante et intitulée : «Afghanistan de l´intérieur».

Je tentais de réaliser avec ce quilt un trait d´union entre le pays et les femmes, là-bas, d’ où ces si beaux carrés nous arrivent.

Lorsque l´on pense aux femmes Afghanes, l´image de la burqa s´impose – c´est la raison pour laquelle ce quilt a lui aussi sa burqa.

Commentaire de Margret Rößler-Wacker

Le mot burqa est arabe, on l’appelle tchadri en Afghanistan. Le tchaderi était brodé par les femmes (type de broderie Kandahar) avec un fil de viscose blanc sur un tissu de viscose blanc également. Une fois la broderie finie, le tchadri était teint en bleu, ce qui explique des différents tons de bleu. Même si l’on rencontre encore des femmes portant un tchadri brodé par elle-même, la grande majorité porte un tchadri brodé à la machine et importé du Pakistan.

« C’est comme lorsqu’on est propriétaire d’une rose. On l’arrose, on la garde à la maison pour l’admirer et la sentir. On ne peut pas laisser sortir une femme ; tout le monde pourrait la renifler »
Sayes GHAISUDDIN, un ancien ministre Taliban

« La burqa existait déjà avant lesTaliban, mais seules quelques femmes la portaient, même encore lors de la première année du régime Taliban. Mais ensuite ils nous obligèrent à la porter et ce fut terrible ».
« C’était comme se trouver en cage » dit Leyla. « Non, c’était bien pire que ça » argumenta Zena.
« A cause du manque de place on inspirait notre propre CO2 et on n’avait pas assez d’oxygène. Après quelque temps, on a l’impression que les poumons vont exploser et on croit s’asphyxier : Quand on marche avec le soleil en face, on est tellement affaiblie qu’on chancelle et tombe ».
Christian Lamb Interviews avec Zena et Leyla
(Herat, Afghanistan « The sewing circle of Herat »)

« J’ai parlé aujourd’hui à propos de burqa avec Farishta et Najeba » C’est bizarre, avant le temps des Taliban, je n’en avais jamais porté et je haïssais ça. On ne peut pas voir où on met les pieds. Tous les bruits sont atténués. Mais entre temps on s’y est habituée et les jours froids la burka nous protège parce qu’on n’a pas de manteau. On a décidé que la différence avec avant consisterait à se sentir libre et que ce n’est pas parce que la loi autorise maintenant à ne plus la porter, qu’on ne la porte plus. Je pense que le jour où l’on pourra retravailler, alors j’arrêterai de la porter. Combien je prie pour ce jour-là ! »
Journal intime de Nari – le 10 décembre 2001
Rapporté par Christian Lamb dans « The sewing circle of Herat »